Le De proprietatibus rerum
 
Composée en latin, l’encyclopédie de Barthélemy l’Anglais est une vaste compilation écrite pour les simples clercs qui « pour deffaut de livres, n’ont pas congnoissance des proprietez des choses », car « les proprietez des choses valent à entendre les obscuritez des excriptures »1. En effet, Barthélemy indique dans sa préface qu’il veut « faire connaître “les natures et les propriétés des choses répandues dans les œuvres des saints et aussi des philosophes”; il s’agit là pour lui d’une science préliminaire, indispensable pour s’élever plus haut jusqu’au vrai savoir qui est celui de la théologie »2. Cette vocation d’enseignement à laquelle Barthélemy vouait son encyclopédie peut d’ailleurs être vérifiée par l’utilisation qui en était faite. En effet, il a longtemps été un livre de référence dans les universités et de nombreuses copies de celui-ci étaient mises à la disposition des clercs3 et des étudiants, le De proprietatibus rerum figurant dans le catalogue des ouvrages « que les libraires de Paris louaient aux écoliers de cette ville, moyennant une rétribution, dont le taux avait été fixé par un règlement officiel, du temps de Philippe Le Bel »4. C’est donc une œuvre théologique à usage pédagogique formée de dix-neuf livres (le nombre de livres vient du fait qu’il y a dix-huit chœurs d’anges présidés par Dieu5) au cours desquels Barthélemy présente les propriétés de tout ce qui compose la création. De ce fait, les livres peuvent être rassemblés en trois groupes : les livres I à III regroupant les matières spirituelles (Dieu, les anges et l’âme), les livres IV à VII traitant de l’homme (les éléments, le corps humain, les états de l’homme, et les maladies) et les livres VIII à XIX traitant du monde en général (le monde et le ciel, le temps, la matière et la forme, l’air, les oiseaux, l’eau, les montagnes, les régions, les pierres, les herbes et les plantes, les animaux, et finalement les « accidents » qui incluent les odeurs, les couleurs, les saveurs, etc.).
 

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1. Citations de la traduction du De proprietatibus rerum faite par Jean Corbechon et tirées de Sylvain Louis, « Le projet encyclopédique de Barthélemy l’Anglais », in Annie Becq (dir.), L’encyclopédisme. Actes du Colloque de Caen, 12-16 janvier 1987, Paris, Klincksieck, 1991, pages 148-149. Retour
2. Pierre Michaud-Quantin, « Les petites encyclopédies du XIIIe siècle », in Maurice De Gandillac, et al., La pensée encyclopédique au Moyen Âge, Neuchatel, Éditions de la Baconnière, 1966, page 110. Retour
3. Voir Léopold Delisle, « Traité divers sur les propriétés des choses », in Histoire littéraire de la France, Paris, V. Palmé, tome XXX (1888), page 363. Retour
4. Voir Léopold Delisle, « Traité divers sur les propriétés des choses », in Histoire littéraire de la France, Paris, V. Palmé, tome XXX (1888), page 363. Retour
5. Sylvain Louis, « Le projet encyclopédique de Barthélemy l’Anglais », in Annie Becq (dir.), L’encyclopédisme. Actes du Colloque de Caen, 12-16 janvier 1987, Paris, Klincksieck, 1991, page 147 et Robert Bossuat, et al., « Barthélemy l’Anglais » Dictionnaire des lettres françaises: le Moyen Âge, Paris, Fayard, La Pochothèque, 1964, édition revue et mise à jour 1992, page 149. Retour
 

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